Conférenciers Invités

 

 

Pr. Alain Clémence

Président d'Honneur de la Conférence

(Université de Lausanne, Suisse)

La vie des représentations sociales: de la circulation des mots à la transformation des informations

La force actuelle de la théorie des représentations sociales réside notamment dans la reconnaissance récente de travaux dans les domaines de la santé, de l’environnement et de la citoyenneté. Différentes recherches dans ces domaines mettent en œuvre des approches théoriques et méthodologiques variées et flexibles qui s’interrogent sur la dynamique et la transformation des mots et de leur signification. La forte attention des chercheurs à définir les représentations sociales comme des phénomènes figés et résumés dans une trame de mots a certes produit des monographies intéressantes, mais elle conduit certainement à une impasse. La pensée sociale est à la fois ancrée dans des traditions, des croyances et des cadres forts, et activée par des échanges, des communications et des influences. Le modèle de l’adaptation collective et symbolique de Wagner et ses collègues (Wagner & Hayes, 2005) constitue un puissant instrument théorique et méthodologique pour appréhender la dynamique de la pensée représentative. Avec d’autres modèles, comme celui de la rumeur initialement proposée par Rouquette (1990) ou celui de l’impact social dynamique de Latané et ses collèges (Latané, 1996), cette approche peut permettre de sortir d’une vision figée des mots, des informations et des connaissances et favoriser une approche plus dynamique et mieux appropriée à l’étude des représentations sociales.

 

 

Pr. Martha Augoustinos

(Université d’Adélaïde, Australie)

Social representations: from grand theory to everyday common sense

The emergence and development of social representations theory is often located within the famous debate between Tarde and Durkheim and the tensions between individualist and collectivist accounts of human experience. In The Sociological Imagination, C. Wright Mills argued against a unified totalising theory, advocating instead for local empirical observation. This tension too has been central in social psychology where the chasm between theory and empiricism has grown ever larger. Many critics would argue that contemporary social psychology has few theories, but rather a fetishism with empirical effects generated in the reified world of laboratories. Serge Moscovici’ s great legacy has been to produce a theory that attends to the ‘social whole’ – to the increasing proliferation of shared knowledge in the world – without ignoring the everyday sense-making practices of ordinary people.  Indeed, Moscovici places our modern (or postmodern) subjectivities and sensibilities at the centre of the theory. As a result, social representations researchers have been able to develop richer accounts of core topics in social psychology and make a significant contribution to the growth of new fields of scholarship such as cultural psychology and public understandings of science. In this address I will speak to the future longevity of social representations theory by emphasising the benefits of integrating a unified theory of sociality with the concrete concerns of everyday life.

 

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Pr. Gérald Bronner

(Université Paris Diderot, Institut Universitaire de France)

Marché de l'information et nouvelles formes de crédulité

On aurait pu croire que l'empire des croyances allait disparaître à l'horizon des progrès de la connaissance, de l'augmentation généralisé du niveau d'études et de la disponibilité de l'information. Un regard même superficiel sur notre contemporanéité montre qu'il n'en est rien : théorie du complot, croyances technophobiques, rumeurs, hoaxs, viralité du populisme… 

Cette conférence proposera d'éclairer ce paradoxe en montrant comment la dérégulation du marché de l'information alimente plutôt qu'elle ne tarit cet empire des croyances et comment nous prenons le risque de nous orienter vers une démocratie des crédules plutôt que vers des sociétés de la connaissance.

 

 

 

Pr. Pascal Moliner

(Université de Montpellier, France)

Objectivation et ancrage du message iconique

On dispose aujourd’hui de nombreux arguments empiriques qui attestent du lien entre les représentations et les iconographies des objets sociaux. Globalement, il semble bien que nous voyons ou nous montrons ces objets non pas tels qu’ils sont, mais tels que nous croyons qu’ils sont ou tels que nous voudrions qu’ils soient. Mais l’image ne fait pas que montrer, elle est aussi porteuse d’un message. Ainsi, la production d’un message iconique peut s’apparenter à un processus de représentation qui repose sur des opérations d’objectivation et d’ancrage. Dans le cas de l’image, ces opérations ont recours aux procédés de la métaphore, de la métonymie ou du symbolisme visuel. A partir d’exemples provenant de la publicité, de l’art ou de la caricature, on discutera donc des différentes modalités d’objectivation et d’ancrage du message iconique en montrant que leurs combinaisons aboutissent à différents types de messages, depuis le message naturaliste jusqu’au message ludique.

 

 

 

Pr. Fatima Santos

(Université de Pernambuco, Brésil)

 Représentation sociale en Amérique latine : histoire et évolution

La théorie des représentations sociales a eu une forte pénétration en Amérique Latine au moment de redémocratisation des pays qui ont vécu sous des régimes dictatorial. La psychologie sociale qui se faisait jusqu’à ce moment privilégiait les niveaux d’analyses intra et interindividuel à partir des méthodes expérimentales. La fin des années 1970 la psychologie sociale latino-américaine fait une rupture avec les approches plus traditionnelles et met en question la conception de science et du « social » hégémoniques. Les chercheurs demandent une psychologie « plus sociale », c’est-à-dire, plus engagé avec la population précarisée, un engagement politique de la connaissance scientifique dans le processus de redémocratisation des pays. Dans ce contexte, la théorie de la représentation sociale rencontre une grande acceptation de la part des chercheurs psychosociaux et se développe en plusieurs domaines. À partir de l’analyse de la production scientifique brésilienne sur la théorie des représentations sociales des 10 dernières années, nous avons le but de discuter l’évolution de la théorie, les engagements des chercheurs et les possibilités d’avenir.

 

 

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